Il était le premier employé de l'entreprise en 2013 et depuis ce 1er janvier, il en est le nouveau CEO ! Si 2020 a été une année charnière pour nombre d'entre nous, et en particulier nos entreprises et PME, elle l'a aussi été pour Maximilien Van Nuffel et l'entreprise de construction carolo Di Filippo, dont il reprend aujourd'hui les rênes avec le soutien de la CBC et de Sambrinvest. Pour retracer cette belle histoire de transmission, nous sommes allés à sa rencontre.
Maximilien, parlez-nous un peu de votre parcours. Comment êtes-vous arrivé dans la société Di Filippo ?
"Je suis diplômé en électro-mécanique de l'UT et j'ai poursuivi avec des études en construction à Mons. J'ai d'abord travaillé dans une entreprise générale de la région, qui ne faisait que des marchés publics. Le job manquait cruellement de challenges et d'attention aux détails, donc j'en ai rapidement fait le tour... Au détour d'une conversation sur mon envie de changement avec un ami de chez Façozinc, on me parle d'Antoni Di Filippo et de son entreprise de construction. C'était un vendredi matin en 2013. Le soir même je l'avais en ligne, on se rencontrait le samedi et le lundi je démissionnais. Tout est allé très vite, mais c'était une évidence."
Votre évolution dans l'entreprise jusqu'à en reprendre les rennes, c'était une évidence aussi ?
"On peut dire que oui. Il faut savoir qu'en 2013, j'étais le tout premier employé de la société. Depuis, l'entreprise a connu une croissance exponentielle. Antoni et moi avons gravi les échelons ensemble et depuis le début, on partage les mêmes valeurs, la même ambition pour l'entreprise Di Filippo et la même vision du monde de la construction. Notre objectif est d'élever le niveau et de casser l'image négative qu'on peut avoir du secteur.
Le programme Vertuoza, créé par Antoni pour nous permettre d'être plus carrés, plus précis et plus transparents dans la gestion de nos chantiers est finalement devenu un produit à part entière. Rapidement, il est devenu impossible pour lui de continuer à monter ces deux chevaux en même temps (la société Di Filippo et la start-up Vertuoza). Début 2020, il m'en parle et cela coïncidait justement avec un besoin de progresser de mon côté, un moment où j'avais soif de plus et envie de relever un nouveau défi... Et là, encore une fois, la reprise du flambeau nous est apparu comme une évidence."
Evolution de l'entreprise Di Filippo entre 2008 et 2019
Comment s'est passée cette reprise justement ? Pourquoi avoir fait appel à Sambrinvest ?
"Le processus a duré une année complète puisque la reprise est entrée en vigueur ici en janvier. Ceci dit, je dois dire qu'on a été surpris de la vitesse à laquelle tout s'est mis en place avec les banques et Sambrinvest. Antoni et moi pensions qu'on devait s'y prendre très tôt, mais on a rapidement eu un premier rendez-vous avec les banques et l'invest en février.
Après, nous avons pris le temps de faire les choses bien, d'étudier toutes les clauses et de faire évoluer le dossier. Cela nous a aussi permis de nouer une vraie relation avec les gestionnaires de dossier, tant du côté des banques que de Sambrinvest, et ça a facilité plein de choses au niveau des discussions. Pour répondre à la question du "pourquoi Sambrinvest", je dirais parce qu'il joue un rôle de facilitateur. Il apporte des garanties supplémentaires pour les banques et facilite l'octroi des crédits d'investissement. In fine, cela facilite tout le processus."
N'est-ce pas intimidant de se lancer dans une telle aventure en pleine crise ?
"Je me suis beaucoup posé cette question. Mais en regardant en arrière et en évaluant l'impact des crises - qui sont cycliques - sur le secteur de la construction, j'ai réalisé qu'on avait la chance d'être dans un milieu peu impacté par les crises. Lorsque l'économie va mal, on est d'autant plus enclin à investir dans de la brique. Il y en a qui tombent évidemment... Mais dans le secteur de la construction, ce sont généralement des entreprises qui allaient déjà mal avant la crise, ce qui n'est pas notre cas. La société Di Filippo évolue très bien, on a mis en place des process efficaces et on a toujours privilégié la qualité dans notre travail, ce qui nous ont permis de gagner la confiance de nos clients et de nos partenaires.
Certes, les vagues Covid ont influencé nos délais de livraisons en raison de l’impact sur les fournisseurs, mais nous avons travaillé d’arrache-pied pour trouver les solutions et livrer nos chantiers à temps. Et pour 2021, on repart déjà sur des projections de croissance... Donc c'est intimidant, bien sûr, mais lorsque l'on se pose les bonnes questions et qu'on prend le temps de faire les choses bien, il faut se lancer."
Quelle phase a été la plus compliquée lors du process de reprise ?
"Il y en a eu plusieurs ! La plus compliquée, c'est sans doute de mettre toutes les parties d'accord. Après, ça a permis aussi de nourrir le dossier et d'avoir des conversations parfois très franches, mais toujours enrichissantes. Après, il y a aussi tout le volet apprentissage, découvrir ce que c'est d'être seul maître à bord. Le poids des responsabilités qui vont avec le poste et de la mission dont on se sent investi en devenant gérant de ce type d'entreprise. On dit souvent qu'un patron est seul, mais on n'en prend pas vraiment la mesure jusqu'à ce qu'on y soit.
Dans tous les cas, ce ne sont pas des difficultés insurmontables. Ce sont des petites vaguelettes dans l'océan et si vous gardez le cap et que vous prenez le temps de bien manoeuvrer, tout ira bien."
Ce serait votre conseil pour ceux qui hésitent ?
"J'aurais deux conseils : y croire (1) et faire les choses dans l'ordre (2). D'abord et avant tout d'y croire, car il faut arrêter de penser qu'il n'y a que les autres qui peuvent le faire. Moi même je n'y croyais pas vraiment jusqu'à ce qu'une proche dans le secteur bancaire me rassure en me disant que des dossiers comme ça, elle en voyait tous les jours et qu'il fallait foncer, ne pas hésiter. Et elle avait raison. C'est à la portée de tous, tant qu'on y croit et qu'on ose.
Le deuxième conseil, c'est de faire les choses posément. De ne pas foncer tête baissée car ce sont des réflexions qui prennent du temps et qui évoluent. Entre ce qu'on pensait faire lors de nos premières discussions avec Antoni il y a un an et ce qu'on a monté comme dossier au final, il y a plein de choses qui ont changé, car on a pu faire des essais-erreurs. À un moment, faut se lancer, c'est clair. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs et prendre le temps d'apprendre aussi, car de manager à CEO, il y a encore toute une facette de l'entreprise qu'on ne connait que trop peu."
Quelles sont vos ambitions pour l'entreprise Di Filippo ?
"L'ambition est de continuer à développer notre chiffre d'affaire en 2021 avec une croissance de 10 à 15%. On a un nouveau gestionnaire de chantiers qui viendra gonfler nos équipes dès le 1er février et je table sur l'engagement d'un cinquième gestionnaire pour notre équipe de production au deuxième semestre 2021. L'ambition c'est de continuer de croitre, de se développer, d'innover et de proposer toujours plus de services et de qualité à nos clients et nos architectes. De continuer à investir dans nos équipes internes aussi. Leur offrir des perspectives d'évolution et de formation. Ca a toujours été un paramètre essentiel chez Di Filippo, et ça le restera."
Si l'humain évolue, l'entreprise évoluera.