Il est encore difficile de mesurer les effets économiques de la crise sanitaire que traverse le monde actuellement même si des signes d'embellie sont apparus ces dernières semaines. Comme toute entreprise, Sambrinvest a dû faire face à une situation inédite et a dû se montrer inventive pour venir en aide aux sociétés avec lesquelles elle partage une confiance réciproque.
Anne Prignon, la CEO de Sambrinvest, revient sur cette période particulière..
Interview
L’activité de Sambrinvest se poursuit-elle normalement ?
"Oui, tout à fait. Dès le début de la crise, trois CA spécifiques– de manière digitale, bien sûr - se sont tenus pour analyser comment soutenir les PME confrontées aux problèmes liés à l'apparition du Covid-19. Avant même le confinement, dès la mi-mars, Sambrinvest a pris les devants et a contacté toutes les entreprises de son portefeuille pour faire le point sur leur situation et, en fonction de celle-ci, leur a proposé le report de 3 à 6 mois de leurs échéances à dater de fin mars 2020."
Quelles sont les mesures prises pour soutenir les entrepreneurs ?
"Après cette proposition de report d’échéances, plus récemment, Sambrinvest s’est positionnée à l’égard des entreprises de son portefeuille pour examiner les besoins de soutien financier auxquelles les entreprises sont déjà confrontées ou risquent d’être confrontées dans les prochains mois. Alors que les banques interviennent pour soutenir la liquidité des entreprises, Sambrinvest est là pour renforcer la solvabilité. Aussi, Sambrinvest propose un prêt subordonné ou convertible d’un montant compris entre 100 et 250 k€. La durée du prêt s’étendrait entre trois à cinq ans avec une franchise de remboursement comprise entre six et douze mois."
Comment Sambrinvest se différencie-t-elle des banques ?
"Là où les banques s’inscrivent dans le soutien des entreprises au travers d’avances de trésorerie, avec la garantie de l’Etat fédéral, Sambrinvest peut s’inscrire dans le long terme afin de soutenir la solvabilité des entreprises dans les prochains mois, voire prochaines années. De plus, les revenus engrangés par Sambrinvest sont réinvestis dans l'économie locale. A un moment où beaucoup se mobilisent pour réfléchir à mettre en place un nouveau modèle économique avec une mondialisation moins accentuée, nos valeurs sont toujours pertinentes. Chez Sambrinvest, on pousse les entrepreneurs à développer leur entreprise et, de cette façon, investir dans leur région."
Pouvez-vous donner un exemple concret d’une entreprise que vous avez aidée ces dernières semaines ?
"Il n’y en a pas une en particulier qui se dégage. Nous sommes intervenus dans une dizaine de dossiers avec du financement complémentaire au-delà des reports d’échéances. Ces interventions se font le plus souvent en partenariat avec les banques, mais pas toujours."
Quelles proportions de dossiers liés aux difficultés dues au Coronavirus, le CA a-t-il examiné ?
"A fin avril, Sambrinvest avait reporté des échéances sur près de 200 prêts (sur 355 prêts en cours), soit plus d’un prêt sur deux ont bénéficié de la mesure de report."
Sambrinvest est-elle toujours en mesure d’aider à la création ou à la transmission d’entreprises ?
"Oui, Sambrinvest n’a pas décidé, comme d’autres institutions financières l’ont fait, de suspendre temporairement l’analyse de nouveaux projets. Bien sûr, dans tout projet, l’impact potentiel du Covid-19 sera analysé avec attention."
Sambrinvest a-t-elle peur de devoir gérer de nombreuses faillites dans son portefeuille lors des mois qui viennent ?
"Ce risque est présent, mais à ce stade, il est prématuré de répondre avec précision à cette question, alors que nous commençons seulement à sortie du confinement."
L’économie risque d’être fortement impactée à moyen terme. Sambrinvest devra-t-elle revoir une partie de sa stratégie ?
"Dans les moments difficiles, Sambrinvest est là pour jouer un effet de levier et par son intervention, permettre l’intervention d’autres partenaires financiers. Nous sommes prêts à prendre des risques dans des dossiers qui ont un impact positif sur le développement de l’activité économique de la région, et ce, en concertation si nécessaire avec les autres partenaires de l’entreprise."
Vu sa forte présence dans le secteur biotech, Sambrinvest a-t-elle un rôle à jouer pour contrer la pandémie ?
"Ce n’est pas Sambrinvest qui va mettre en place des tests ni des vaccins, mais nous sommes tout prêts à financer des projets visant à combattre la pandémie, que ce soit par la production de masques comme chez Deltrian, ou dans des projets visant à la production de vaccins comme chez Univercells."
Avez-vous l’impression que votre région est davantage touchée par la crise sanitaire que le reste du pays ?
"La région de Charleroi ne fait pas partie des régions qui ont été le plus touchées par la maladie du Covid-19 . Nous espérons que nos entreprises ne seront pas non plus les plus touchées par les conséquences économiques de cette crise."