Accountable calcule ce que ses utilisateurs (des indépendants qui veulent se faciliter la vie au niveau de leur comptabilité) devront payer en cotisations sociales et TVA. Leur app les aide à optimiser leurs impôts en maximisant leurs frais.
Pour l’instant, Accountable emploie une grosse quinzaine de personnes. Le nombre d'employés devrait doubler d'ici six mois. La plus grosse partie travaille en Belgique et en Allemagne mais les dirigeants d'Accountable ont une équipe remote, avec, par exemple, un Belge qui travaille depuis l’Egypte. Rencontre avec Nicolas Quarré et Alexis Eggermont, co-fondateurs d'Accountable.
Qu’est-ce qu’Accountable ?
Nicolas : "C’est une application qui est là pour aider les indépendants à avoir le contrôle sur leurs impôts. Quand on est indépendant, on doit faire face à de nombreuses obligations fiscales, que ce soit la TVA, les cotisations sociales, les versements anticipés. Tous les impôts que l’on compte gérer soi-même et qui représentent en fait un fardeau très très important. L’indépendant n’a parfois aucune vision de combien il gagne. Et c’est ce problème-là que résout Accountable de manière ultra simple. L’indépendant rentre ses factures dans notre application, capture son revenu, scanne ses reçus et l’appli lui dit combien d’impôts il va payer."
Alexis : "Accountable, c'est un assistant financier mobile qui aide les indépendants à automatiser leur compta, leurs impôts pour avoir une vue en temps réel du cash dont ils disposent."
Pourquoi avoir créé Accountable ?
Nicolas : "Accountable résout un problème qu'on a vécu Alexis et moi-même. Quand on était indépendant, on devait faire face à de nombreuses obligations fiscales. En tant qu'indépendant, on ne sait pas combien on gagne réellement. On voulait au travers d'un software avec beaucoup d’automatisation apporter une certaine tranquillité d'esprit."
Alexis : "Comme indépendants, Nicolas et moi-même nous perdions beaucoup de temps et beaucoup d'argent à gérer nos papiers, nos reçus. Nous n’avions pas de visibilité sur les montants que nous gagnions réellement parce qu'il y avait toutes les obligations fiscales. On s'est dit qu’en 2017, on pouvait avoir une bien meilleure expérience avec une application mobile qui se connecterait au compte en banque."
Quel est l’avantage d’utiliser Accountable ?
Nicolas : "C’est le moyen le plus simple pour savoir combien on gagne vraiment. On n'a pas besoin de dépendre d’un comptable ou d'une personne d'une personne tierce, on peut le gérer par soi-même. L’application fonctionne très facilement pour émettre des factures, scanner des reçus. Ca va éviter d’avoir de mauvaises surprises à la fin de l’année. Sa situation sera toujours en ordre."
Alexis : "Avec Accountable, j’ai toute ma compta dans ma poche. Je peux faire mes factures dans le bus, je peux capturer mes reçus pour mes dépenses dès que je suis au restaurant. Je reçois des conseils, des petits tips fiscaux en temps réel. Et je sais, en temps réel, combien je vais payer d’impôts, de TVA."
Vos concurrents sont les comptables ?
Nicolas : "Pas vraiment. En fait, ce sont plutôt des partenaires. Aujourd'hui, Accountable donne la référence de plusieurs dizaines de comptable pour les indépendants qui sont à la recherche d'un service de comptabilité approfondie. Donc, on va servir en soutien à l'indépendant en direct. On est un apporteur d’affaires important pour un certain nombre de cabinets comptables partenaires."
Alexis : "On peut utiliser Accountable avec un comptable mais ce qui est sûr c'est que la façon de travailler avec le comptable va changer puisque l'encodage n'est plus quelque chose que le comptable fait."
Qu’est-ce qui a boosté votre développement ?
Nicolas : "On répond à un besoin ou à une demande latente du marché qui est très importante. Le million d’indépendants actif en Belgique reconnaît son manque de visibilité sur ses finances. On fournit une solution qui est très simple et peu chère. On tourne autour de 10 à 20 euros par mois selon les plans."
Alexis : "Ce qui est sûr c'est que d’avoir reçu du financement nous a permis de recruter une équipe qui a créé un produit assez puissant, assez complet en six mois-un an. Ca c'est vraiment l'impulsion qui a permis au produit d'exister dans un état mature."
Vous venez de lever des fonds. A quoi vont-ils servir ?
Alexis : "Cet argent va servir à plusieurs choses. D'abord à compléter le produit pour qu'on puisse vraiment devenir leader sur les marchés belge et allemand. Ensuite, il va nous aider à rentrer sur grand nouveau pays européens et aussi à offrir de nouveaux produits dans l'application."
Pourquoi avoir choisi Sambrinvest pour participer à cette levée de fonds ?
Nicolas : "C’est un investisseur de coeur pour nous évidemment. Ils sont d'abord excellents dans leur gestion. On est extrêmement contents de les avoir à bord. Ensuite, avec une note plus personnelle, j'ai grandi à Charleroi et je suis très content d'avoir parmi les investisseurs un acteur comme Sambrinvest qui réinvestit dans l'économie locale."
Alexis : "Sambrinvest est un acteur incontournable sur le sur le marché belge. Ce qu’on est même si on a des ambitions internationales. Les fonds de venture capital auxquels on a fait appel jusqu’ici étaient des fonds internationaux si bien qu’on est très contents de ramener cet acteur incontournable en Belgique qui est aussi un acteur de taille sur qui on va pouvoir s’appuyer pour les prochains tours."
Pour l’instant, où se situe Accountable sur le marché ?
Nicolas : "En terme de clients que l’on va servir, on va servir l'ensemble des indépendants. On a démarré en servant de manière plus forte les consultants et les professions de type libéral mais on voit aujourd'hui que la population d’Accountable est un reflet complet du marché des indépendants. On aura dans nos clients des personnes qui travaillent sur des métiers manuels, des métiers plus intellectuels. On est vraiment en fait le reflet du marché, ce qui est une forme d'accomplissement pour nous."
Alexis : "Pour l’instant, on a à peu près je pense 10.000 utilisateurs actifs. Pour l'instant, on est très bien placé en Belgique. On a une croissance très forte de l'ordre de 500% par an et on commence à percer sur le marché allemand qui va être un de nos focus principaux pour les années 2021-2022."
Vous êtes rentable ?
Nicolas : "Aujourd'hui, notre croissance est rentable. C'est-à-dire que chaque client qui rentre apporte plus de valeur que ce qu’il coûte. C'est ce qu'on appelle la rentabilité unitaire. C’est ça qui nous permet d'accélérer notre croissance de manière très rapide et d’effectuer cette série A. Néanmoins, on investit aujourd'hui plus dans le produit que ce qu'on gagne. Ce qui fait partie de l'objectif de l'entreprise et de l'accélération de la croissance."
Alexis : "Pour l'instant, on brûle du cash. C'est le plan, c'est normal. On est en phase de croissance."
Où voyez-vous Accountable dans cinq ans ?
Nicolas : "Il y a deux leviers qui sont très importants pour nous : le levier géographique donc on a commencé notre expansion internationale très tôt. On est la seule entreprise aujourd'hui qui fait du service fiscal aux indépendants qui est présent dans différents marchés. On va continuer cette expansion si bien qu’on regarde évidemment de manière très évidente la France et le Royaume-Uni. Dans cinq ans, on espère être évidemment présent là-bas et probablement dans une série d'autres pays. Le deuxième levier, c'est vraiment de continuer à faire évoluer notre proposition de valeur comme compagnon financier des indépendants en ayant toujours cet aspect fiscal très fort mais également en ajoutant des services à valeur ajoutée. On pense à la construction de la pension, à l'équipement en produits d'assurance. On veut étoffer l'offre de valeur avec ces produits financiers additionnels."
Alexis : "L'objectif à cinq ans, c'est d'être un leader européen sur la gestion des finances des indépendants, c'est-à-dire non seulement redonner le contrôle aux indépendants sur leurs finances, leur compta, leurs taxes mais éventuellement leur offrir aussi des produits de pension. Il y a beaucoup d'indépendants qui ne savent pas très bien comment gérer leur pension. Eventuellement du crédit, éventuellement faire des paiements directement depuis Accountable. Faire un One stop shop pour les finances des indépendants."
Un conseil aux autres start-up : quel est le plus gros obstacle que vous avez dû contourner? Et comment l’éviter?
Nicolas : "Il n’y a pas vraiment de grands écueils. Mais comme toute entreprise, on a vécu une série de moments durant lesquels il faut réfléchir, durant lesquels il faut retravailler, durant lesquels il faut se remettre en question des hypothèses de travail. C’est ça le cœur de l’entreprise : faire évoluer le produit et la gestion de l'entreprise face aux demandes du client. Ca c'est vraiment la façon dont nous on visualise notre croissance : c'est travailler sur base du retour client pour nous permettre de construire un produit qui répond vraiment aux attentes du marché."
Alexis : "Ca dépend vraiment de la start-up. Je pense que la décision la plus importante, c’est celle du nom du co-fondateur. C’est toujours une force d’être plusieurs personnes dans une équipe fondatrice. Le marché dans lequel on va se trouver, c'est évidemment absolument crucial. Et ensuite, je dirais pour les produits qui ont besoin de fonds de bien gérer la levée de fonds qui va vous donner des ailes pour le futur."
Le mot-clef, c’est remise en question ?
Nicolas : "C’est certain mais aussi confiance parce qu'on ne peut pas construire une entreprise sans avoir un minimum de confiance dans la valeur qu'on délivre et dans l'objectif qu'on sert mais il faut toujours le faire en se posant la question de savoir si on le fait de la bonne façon. Si les choix que l’on pose aujourd’hui sont ceux qui apportent le plus de valeur à nos utilisateurs."
Alexis : "Une start-up n'a jamais un plan qui fonctionne parfaitement dès le début. Les premières idées sont toujours à mettre en question. Il y a toujours des pivots et toujours des choses qu'on doit revoir. Chez Accountable, on est très fort dans l'itération, dans la collection de données pour vérifier les hypothèses et itérer jusqu’à ce qu'on trouve un modèle qui fonctionne."
Plus d'infos sur la levée de fonds dans L'Echo