L'expertise des biotechs wallonnes, et plus précisément de celles installées au sein du Brussels South Charleroi BioPark et membres de la galaxie Sambrinvest, semble plaire tout particulièrement au groupe pharmaceutique américain Catalent ! Un an après avoir acheté MaSTherCell (CDMO de Gosselies spécialisée dans la production de matériel cellulaire) et quatre mois après avoir acquis la filiale de production de thérapie cellulaire de Bone Therapeutics, Catalent Pharma poursuit ses investissements au sein du Brussels South Charleroi BioPark en achetant Delphi Genetics, entreprise biotech spécialisée dans la thérapie génique (production d'ADN). Une excellente nouvelle pour cette spin-off de l'ULB soutenue par Sambrinvest mais aussi pour la région et le développement de son écosystème biotech, qui continue de s'imposer comme référence européenne, notamment en matière de thérapie génique et cellulaire.
Rencontre avec Cédric Szpirer, co-fondateur et directeur exécutif de Delphi Genetics.
Monsieur Szpirer, vous venez de revendre Delphi Genetics, l'entreprise que vous avez fondée il y a tout juste vingt ans. Pourquoi ce choix ?
"Il faut savoir que cette opération, c'est avant tout le choix de Charleroi ! Nous avons reçu une quinzaine de proposition de rachat, dont celle de Catalent Pharma qui s'est imposée comme une évidence. Au-delà de la belle plus-value pour la société et ses partenaires, la proposition de Catalent Pharma est motivée par sa volonté de développer un centre d'excellence européen en thérapie cellulaire et génique au départ du Biopark de Charleroi. C'est la raison pour laquelle ils ont aussi fait une opération sur MaSTherCell et Bone Therapeutics, spécialisés en production et thérapie cellulaire. Il leur manquait une expertise comme la nôtre en matière d'ADN pour pouvoir proposer une solution complète du début à la fin; c'est chose faite. Aujourd'hui, en rejoignant le groupe Catalent, on rejoint un ensemble d'acteurs et d'expertises oeuvrant tous dans un même but : développer de nouvelles solutions thérapeutiques dans le domaine de la thérapie cellulaire et génique pour faire avancer le secteur de la santé. C'est assez grisant en fait, car cela laisse présager de belles synergies et, je l'espère, de belles avancées en matière de santé pour les patients du monde entier."
Pouvez-vous nous parler un peu plus de l'expertise de Catalent et de celle de Delphi ?
"Catalent est le premier fournisseur mondial de technologies avancées de livraison, de développement et de solutions de fabrication de médicaments, de produits biologiques, de thérapies cellulaires et géniques et de produits de santé grand public. Delphi Genetics, de son côté, est une des plus anciennes spin-off de l'ULB. Nous sommes une CDMO (Contract Development Manufacturing Organization), ce qui veut dire que nous avons des contrats de sous-traitance pharmaceutique. Dans notre cas, nous produisons de l'ADN (plasmidique) à façon pour les thérapies cellulaires et géniques.
Comme le précisait la présidente de Catalent dans son communiqué de presse, la production de thérapie cellulaire et génique est extrêmement complexe et la plupart des entreprises préfère faire appel à des partenaires expérimentés proposant une offre intégrée de bout en bout. L'intégration de l'expertise en ADN plasmidique de Delphi Genetics est donc un élément essentiel pour favoriser la production rapide et efficace de vecteurs viraux. En ajoutant cette corde à leur arc, ils aident leurs partenaires à développer plus rapidement leurs processus et, in fine, à améliorer le traitement thérapeutique des patients."
On peut donc dire que cette opération est une réussite ?
"Tout à fait ! Pas seulement pour Delphi Genetics, mais aussi pour tous les acteurs régionaux qui nous ont soutenus tout au long de ces années : l'ULB, la Région Wallonne, le groupe Sowalfin, les banques (BNP, Belfius et ING)... et bien sûr Sambrinvest, investisseur et actionnaire de Delphi depuis sept ans, à l'époque où la société était en difficulté.
C'est aussi une excellente nouvelle pour nos clients et nos équipes, puisque Catalent maintient l'emploi dans la région et qu'il n'y a pas de volonté de délocalisation, au contraire. Son but est de poursuivre le développement d'un centre européen d'excellence au départ de Gosselies. Nous avons actuellement une équipe de plus de 40 personnes, 4 postes à pourvoir et nous comptons encore engager dans un futur proche ! Cela laisse présager de belles perspectives pour la région en matière d'emploi et de développement économique."