«Notre objectif premier, c'est d’offrir le meilleur traitement possible aux patients atteints du cancer»
Et de trois pour OncoDNA, grand habitué des prix décernés par le Deloitte’s Technology Fast 50 ! Après avoir remporté le prix dans la catégorie Most Disruptive Innovator en 2015 et celui dans la catégorie Healthcare & Life Sciences en 2018, l’entreprise fondée par Jean-Pol Detiffe décroche le prix 2020 dans la catégorie Biotechnology/Pharmaceuticals. La cerise sur le gâteau pour cette PME qui a vu sa croissance bondir de 180% sur les quatre dernières années et qui vient de boucler une OPA amicale sur une entreprise française, IntegraGen.
Jean-Pol Detiffe, pour ceux qui ne connaissent pas OncoDNA, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce que vous faites ?
« J’ai créé OncoDNA il y a huit ans pour développer des tests de diagnostics innovants permettant d’identifier le meilleur traitement d’un cancer métastatique ou avancé. À partir d’échantillons dont nous effectuons le séquençage ADN, nous réalisons un rapport très détaillé que nous mettons à disposition des oncologues sur une plateforme web sécurisée. Ils peuvent ainsi guider leurs patients vers le meilleur traitement possible. À ce jour, nous avons plus de 3.000 oncologues sur la plateforme et nous aidons plus de 20.000 patients ! Notre objectif premier, c’est d’offrir le meilleur traitement possible aux patients atteints du cancer. Parfois, notre analyse permet d’aider des gens de manière spectaculaire, même ceux en soins palliatifs. Il y a peu, un ami entrepreneur m’a demandé de faire un test pour un de ses ouvriers, souffrant d’un cancer colorectal. On a guidé son oncologue dans ses chimiothérapies et aujourd’hui, il est en rémission… Cela ne fonctionne évidemment pas à tous les coups, mais quand ça marche, c’est tellement gratifiant. On se sent utile, et on est vraiment dans l’humain. »
Pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé l’OPA amicale qu’OncoDNA a lancé sur IntegraGen ?
« C’est une société qui a levé beaucoup d’argent au début des années 2000, au moment de la révolution du séquençage ADN. Au fur et à mesure du temps, nous avons noué des collaborations et nous avons constaté beaucoup de synergies entre nos sociétés. Il faut savoir qu’OncoDNA fonctionne sur un modèle virtuel, en ce sens qu’elle ne dispose pas de laboratoire : OncoDNA se focalise sur l’interprétation (bio-informatique et clinique) et a évolué vers une solution purement software dans un modèle SAAS (Software as a Service). Quand il s’agit d’échantillons, les analyses en laboratoire sont réalisées chez notre voisin, partenaire et actionnaire, l’Institut de Pathologie Génétique (IPG). Grâce à l’OPA, nous allons pouvoir proposer de tests pour l’industrie pharmaceutique grâce au laboratoire de Paris. Nous allons également compléter notre chaîne de production au niveau du software (initialement orientée sur l’interprétation clinique finale entre l’oncologue et le patient) par une analyse de données brutes venant de différentes plateformes de séquençage. OncoDNA aura accès en quelque sorte à toutes les pièces du puzzle. »
Quelle est votre ambition pour OncoDNA ?
« De continuer à croître avec l’ambition de devenir les champions européens. Mais aussi de tendre vers plus de partages de données anonymisées, pour permettre ce que j’appelle le matching de patients : notre but est de permettre, par exemple, à un oncologue à Paris de voir dans notre base de données anonymisées un cas similaire qui a été traité, par exemple, à La Louvière. Même profil de tumeur, mêmes mutations, mêmes échecs de traitements, même catégorie d’âge : cela permettra de faire des échanges de pratiques entre oncologues. Jusqu’à présent, l’oncologie est normée par des guidelines, des protocoles définis sur la meilleure statistique et non sur le profil du patient. Mais est-ce que les gens veulent être une statistique ? Avoir plus de chances de survivre avec le traitement de troisième ligne plutôt que celui recommandé en premier par le protocole est crucial pour le patient ! On parle toujours de GDPR, mais lorsqu’on est atteint d’un cancer à un stade avancé, on se contrefiche de la protection des données finalement. On est prêt à les partager pour mettre toutes les chances de son côté : dossiers médicaux, échecs de traitement, profil de la tumeur… L’enjeu, c’est de parvenir à convaincre le corps médical, en particulier les pathologistes ou laboratoires qui pensent parfois que la biopsie du patient est leur propriété et refusent donc d’envoyer des échantillons pour un autre type analyse. »
Les jeunes oncologues sont-ils plus enclins à se détacher du protocole ?
« Il a bien sûr ce qu’on appelle les early adopters. A titre d’exemple, OncoDNA collabore avec un oncologue français qui a créé des centres ressources dans le sud de la France pour les personnes en fin de vie. C’est le plus grand prescripteur d’OncoDNA, et l’on y fait des miracles. Il se bat même pour avoir accès à des médicaments non encore autorisés. La médecine est un art. Il y a les guidelines d’un côté, et la pratique de l’autre. Par exemple, pour le cancer colorectal, il y a deux chimiothérapies qui, au niveau statistique, sont équivalentes en termes de chances de guérison. Le rationnel du choix entre les deux, il n’y en a aucun. OncoDNA propose des mesures plus précises ; certains suivent. D’autres continuent à appliquer leurs routines. »
Quelle est la prochaine étape pour OncoDNA ?
« L’OPA a été financée en-dehors de la levée de fonds de série B réalisée en février 2020. Je me dois d’ailleurs de remercier au passage les actionnaires publics qui nous ont soutenus : la SFPI, Sambrinvest et la SRIW ont participé, ainsi que des actionnaires privés et le secteur bancaire. Notre ambition est également de nous déployer en Allemagne, le plus gros marché en Europe via un partenariat avec un grand laboratoire (licence des tests). Cela permettra d’accéder au remboursement en Allemagne. Actuellement, seul le Luxembourg prend en charge les remboursements. On pense aussi à l’Asie vu les demandes croissantes de la Corée du Sud et de Taiwan ; deux personnes ont d’ailleurs été engagées à Singapour. Et puis, il y a aussi les Etats-Unis, le plus gros marché mondial mais aussi le plus difficile. Grâce à l’OPA, OncoDNA dispose d’une filiale à Boston permettant la commercialisation du logiciel ; la recherche d’un laboratoire partenaire pour réaliser nos tests sur place est également en cours. Il faut savoir que la Chine et les États-Unis sont deux marchés très réglementés… Les deux géants mondiaux protègent leur économie. Ils ont tout compris ! »
Pour en savoir plus sur OncoDNA : www.oncodna.com
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OncoDNA est une entreprise soutenue par FCR2020, le fonds d’investissement cofinancé par le Fonds européen de développement régional et la Région wallonne